CHAPITRE II

LA MÉCANIQUE QUANTIQUE


Préambule / Objectifs

Quelles sont les propriétés de l’équation de SCHRÖDINGER ?

Peut-on appliquer cette équation aux mouvements internes de la molécule comme les mouvements de rotation, de vibration ?

 


2.1 Généralités

Note préalable : Ce paragraphe est aussi disponible dans le cours «Introduction à la physique atomique et nucléaire»; voir Chapitre VI.1.  Il précède en particulier le traitement de la particule dans une boîte à une dimension, puis à trois dimensions.

 

La mécanique quantique repose sur l’équation générale de SCHRÖDINGER (1887-1961) découverte en 1926 :

(2.1)

Dans ces expressions Y est la fonction d’onde, ou la fonction d’état. Peu après, BORN a postulé que |Y(x,t)|2 dx donne la probabilité au temps t de trouver la particule à l’abscisse x. L’équation générale de SCHRÖDINGER est difficile à traiter. Heureusement on n’a pas en chimie, sauf rarement, à tenir compte de la variable t. En général V est fonction de x uniquement: V = f(x). On montre dans ce cas que la fonction d’onde se sépare en deux fonctions dont elle est le produit :

 

(2.2)

Y(x,t)   =   f(t) . y(x)


(2.3)


(2.4)

(2.5)

 

Le terme de gauche ne dépend que du temps t ; celui de droite ne dépend que de la position x. Puisqu’ils sont égaux, ils sont nécessairement égaux à une constante qui a la dimension d’une énergie (V(x) est une énergie potentielle).

(2.6)

(2.7)         donc      f(t)   =   ec e-iEt/h =    A e-iEt/h

(2.8)

 

(2.9)

 

C’est l’équation de SCHRÖDINGER indépendante du temps.

(2.10)         Donc Y(x,t) = A e-iEt/h . y(x)

La constante A est quelconque et elle peut être omise. En fait A sera explicité dans la condition de normalisation puisque pour une particule quelconque : 

(2.11)      Y(x,t)   =   e-iEt/h ´ y(x)

(2.12)      |Y(x,t)|2   =   |Y(x,t)' ´ Y(x,t) |

(2.13)      |Y(x,t)|2   =   | [e-iEt/h y(x)]' e-iEt/h y(x) |

(2.14)      |Y(x,t)|2   =   | e+iEt/h y(x) ´ e-iEt/h ´ y(x) |   =   | e0 y y(x) ´ y y(x) |

(2.15)      Þ       | y(x,t) |2    =   | y(x) ´ y y(x) |   =   y(x)2

La condition de normalisation devient :

(2.16)


2.2 L’oscillateur harmonique

L’équation de SCHRÖDINGER évidemment tient toujours. Cependant on peut traiter le problème en une dimension, puisque l’oscillateur peut vibrer selon un axe de référence : l’axe des x.

(2.17)

ou encore :

(2.18)

 

Pour l’oscillateur, l’énergie totale est égale à l’énergie cinétique augmentée de l’énergie potentielle.

F(x)  =  - kx   = 

  (Loi de NEWTON: mécanique classique)

La solution de cette équation est connue: x = A sin (2 p n t + b)

Dans cette relation A et b sont des constantes et

L’énergie potentielle est liée à la force de rappel :    F(x) =    - dV/dx= - kx

    Þ      V = 1/2 kx2 + C;    C est arbitraire et peut être égale à zéro :

(2.20)       V = 1/2 kx2 = 2        V  =  1/2 kx2  =  2 p2 n n2 mx2

                E  =  T + V

E   =   1/2 mu2 + V   =  

Or d’après la solution de 2.20

dx/dt  =     2 p n A cos (2 p n  t + b)

(2.21)      Þ      E = 1/2 m v2 p2 n n2 A2 cos2 + 2 p2 n n2 mx2

E = 1/2 m v2 p2 n n2 A2 cos2 + 2 p2 n2 mA2 sin2

(2.22)           E = 2 m p2 n n2 A2     car      sin2 + cos2 = 1

L’équation 2.18 devient :

(2.23)

 

 

Posons a = 2 p n m/ h h

a2  =  4 p2 nn2 m2/ h 2  =  4 p2 nn2 m2  ´  4 p2/h2

(2.24)

Résoudre cette équation n’est pas simple. Posons :

y(x) = e-a x2/2 f(x)

y' = e-a x2/2 (f ' - a x f) où (y', dérivée de , dérivée de y)

y" = e-a x2/2 (f " - 2 a x f ' + a x2 f - a f) où (y", est la dérivée de y'))

L’équation 2.24 devient :

e-a x2/2 (f " - 2 a x f ' + a2 x2 f - a f) + 2 Emh-2( e-a x2/2 f) - a2 x2 f e-a x2/2  =  0

Puisque e-a x2/2 ¹ 0 , la solution de

f "- 2 a x f ' + a x2 f - a f + 2 Em h2 f - a x2 f  =  0

      ou f " - 2a x f ' - a f + 2 Em h2 f   =  0

sera aussi solution de l’équation de SCHRÖDINGER.

f " - 2 a x f ' + (2 E m h -2) - a f  =  0

Essayons comme solution une série de la forme

avec J + 2  =  n ,  

L’équation complète devient :

Dans cette équation, x ¹ 0, donc le terme entre crochets doit être nul.

Donc tous les coefficients se déterminent à partir de C0 et C1 et puisqu’ils sont quelconque, on peut à priori penser que C1 = 0.  Si  C1 = 0

Þ


 

Ici, n = 2l.   Si C0 = 0  

Þ

Maintenant,  n = 2l + 1.

La solution générale de l’équation de SCHRÖDINGER sera une combinaison linéaire de ces deux solutions.

A et B sont des constantes arbitraires et où dans le deuxième terme

où  =  2 l.

 

  Supposons que pour de fortes valeurs de x seuls les termes de la série sont importants :

pour  l grand 

Dans le cas de l’autre série on montre aussi qu’alors le rapport : 

quand  l est grand

Considérons la fonction ea x2

ez  = 1 +  z  + ... +     + ... +

le rapport des coefficients de x2(l+1) et de x2l est

pour l grand.

Ainsi le rapport des coefficients pour chacune des deux séries croît comme les coefficients de la série ea x2 . Cela est important, car chacun des termes de la série croît par son coefficient comme ea x2 et la fonction par x2l  ou x2l+1. Ainsi, pour de fortes valeurs de x, y aura le comportement de e-a x2/2 . ea x2 c’est-à-dire celui de e+a x2/2. Donc pour de fortes valeurs de x, y tend vers l’infini, et la fonction y n’a plus de signification physique convenable 

(en particulier n’est plus normalisable).

Afin d’assurer que y tende vers zéro quand x devient grand, il faut que le terme e-a x2/2 soit prépondérant. Autrement dit, il faut que pour certaines valeurs de n, les coefficients Cn tendent vers zéro: soit u cette valeur.

Cu  =   0; Cu+2   =   0; Cu+4   =   0

Ceci n’est possible que si

Cn+2/Cn  =  [a + 2 a n a n - 2mE h-2)] / [(n+1) (n+2)]

donc si a + 2 + 2 a n – 2 mE h-2  =  0

                                          2 mE h-2  =  a (2u +1)

(2.25)            E  =  (u + 1/2) hn

car a = 2 p n m/ h/ = 2 p n m/ h2

Dans cette expression, u est un entier positif ou nul, puisque n l’est. On ne s’est débarrassé que d’une série, celle en Cn = 0. On ne peut se débarrasser de l’autre série que si le facteur qui la multiplie est nul. y est donc le produit e-a x2/2 multiplié par une série finie de puissance qui contient uniquement des puissances de x paires ou impaires dépendant de la parité de u.

C’est donc la condition aux limites qui force, ou exige la quantification de l’énergie de vibration.

A ou B seront déterminés par la condition de normalisation. Si u = 0, C0 est fini, C2, C4 ... sont nulles et d’autre part la constante A est aussi nulle.

y0 = C0 e-a x2/2

La fonction est gaussienne (Fig. 2.1).


Figures 2.1 Fonctions d’onde paire et impaire.

Si u = 1, la constante C1 a une valeur finie et C3 = C5 = C7 = ... = 0;

En outre B = 0

(2.26)        y1 = C1 e-a x2/2 x

On montre alors que

(2.27)

(2.28)  et

Lorsque u est pair (ou nul), la fonction est paire (symétrique par rapport à l’axe des y) :

y(-x)  =  y(+x)

Lorsque u est impair, la fonction est symétrique par rapport au centre des axes de coordonnées:

-y(-x)  =  y(x)


2.3 Le rotateur rigide

Le rotateur rigide se meut dans un champ de potentiel constant. On peut donc, a priori, poser que ce potentiel est nul. L’équation de SCHRÖDINGER est donc :

(2.29)

En plaçant le centre des axes de coordonnées au centre de gravité du rotateur rigide, et en remarquant que les atomes de masse m1 et m2 se déplacent sur une sphère de rayon r1 et r2 respectivement : r1 + r2 = r, on note qu’il est judicieux de transformer les coordonnées sphériques. La solution de l’équation 2.29 est telle que :

y(x, y, z)  =  Q(q) · F(f)

Et la nouvelle fonction ne dépend pas de r car celui-ci est fixe. On se rappelle aussi que le rotateur est équivalent à une masse m  tournant à une distance r d’un point fixe. 

m  =  (m1 m2 )/(m1 + m2)

La solution du système en q et f est alors similaire à celui de l’atome d’hydrogène :

(2.30)

(2.31)

L’équation 2.30 a déjà été résolue, et elle demande que m = 0, ± 1, ± 2, ... pour que

  F(f) = F(f + 2p)     et     F(f) = eimf

L’équation 2.31 a aussi été résolue, et elle demande que b = l(l+1). Elle peut être mise sous la forme :

avec s = cos q   et   g(s) = Q(cos q). (Voir résolution de l’atome d’hydrogène dans le cours "Introduction à la physique atomique et nucléaire", Chapitre 6.4).

Lorsque cos q  tend vers 1, les solutions de 2.31 tendent vers l’infini. Afin d’éliminer cette possibilité, que Q tende vers l’infini quand q tend vers zéro, il faut que l soit nul ou un entier positif. Les solutions sont les polynômes associés de LEGENDRE, P. On montre aussi que les niveaux d’énergie sont donnés par :

(2.32)

où  l  =  0, 1, 2, 3, ... etc.

Puisque l est quantifié, El l’est aussi et les fonctions d’onde sont :

(2.33)

 Y  Plm (cos q) eimf où  m  =  -l, -l + 1, . . . 0, 1, . . . l.

 

Tableau 2.1. Tableau synthèse des fonctions d’onde.

Cas particuliers E Y

a) La particule est dans une boîte unidimensionelle
de dimension l*

n   =   1, 2, 3,. . .

b) La particule est dans une boîte tridimensionnelle*

(dimensions a, b et c)

nx  =   1, 2, 3,. . .

ny  =   1, 2, 3,. . .

nz  =   1, 2, 3,. . .

c) L’oscillateur harmonique

(u +1/2) h n

d) L’atome d’hydrogène et les hydrogénoïdes*

  n   =   1, 2, 3,. . .
e) Le rotateur rigide Plm (cos q) eimf l   =   0, 1, 2, 3,. . .
m =
-l, -l+1,..0,..+l

*:  Ces cas sont traités dans un cours d’Introduction à la physique atomique et nucléaire.




CONCLUSIONS

L’application de l’équation de SCHRÖDINGER est complexe et généralement ses solutions sont loin de la portée des étudiants de chimie. L’introduction de conditions physiques découlant de mouvements moléculaires concrets permet de simplifier la résolution de cette équation.

Ces solutions exigent la quantification des niveaux d’énergie et par le fait même introduisent la notion de nombres quantiques.

 

 

 

Pour en savoir plus

Sur le NET :

Schrödinger    https://www.nobelprize.org/prizes/physics/1933/schrodinger/facts/  (site visité le 2019-02-24)

Dernière mise à jour : 2019-02-24

 

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